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Tribune dans Les Echos – Plan de relance automobile : l’idéologie du propre

5 juin 2020 - par Mathilde Albert

Image décorative.

Le plan de relance automobile du gouvernement vise à relancer les ventes tout en incitant les consommateurs à acheter des véhicules moins polluants. Ce plan, comme souvent en France, semble être guidé par des principes idéologiques qui, bien souvent, ne franchissent pas l’examen des faits, estiment les auteurs.

La filière automobile fait l’objet d’un grand plan de relance par l’Etat, qui veut faire d’une pierre deux coups : relancer la consommation tout en verdissant le parc de véhicules roulant en France. Plus de 8 milliards d’aide sont prévues ! Le mot d’ordre donné par le président Macron est clair : achetez des véhicules propres, alors qu’il existe des solutions complémentaires moins radicales.

La filière automobile a été fortement touchée par la crise liée au Covid-19. En France, elle représente pas moins de 400.000 emplois directs, sans compter tous les emplois indirects. Associer plan de relance de l’économie à la mobilité durable semble une bonne idée sur le papier. Un des points qui pèse lourdement dans les émissions de CO2 du parc automobile français est son âge : plus de 8 ans en moyenne par véhicule.

Les innovations apportées par l’industrie automobile qui permettent de réduire fortement les émissions de CO2 à l’usage ne sont donc pas encore directement visibles dans les émissions de CO2 du transport, alors que les attentes en la matière sont importantes. Si le confinement a eu un impact remarquable en matière de réduction de la consommation, il n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs de la conférence de Paris. Il faudrait plus d’un Covid par an pour tenir ces engagements !

Dans ce contexte, inciter à renouveler rapidement le parc avec des véhicules peu consommateurs et donc peu émetteurs de CO2 est une bonne idée, même si on peut se poser la question de la nécessité d’acheter à nouveau une voiture au regard des usages actuels…

Dans la pratique, ce n’est pas si simple

Agnès Panier-Runacher, secrétaire d’Etat au Commerce, veut « faciliter l’obtention des véhicules hybrides, faire en sorte que l’industrie automobile joue la carte de l’écologie« . Mais pour être propre, il faudrait que les véhicules n’émettent pas de CO2 du tout. On oublie souvent, que les émissions de CO2 se produisent sur toute la durée de vie du produit, de la construction du véhicule, à son usage, en passant par sa destruction ou son recyclage.

Si en France, l’électrique utilise une énergie décarbonée, la question mérite une vision systémique pour être plus juste. Pour les véhicules hybrides, les chiffres annoncés peuvent faire rêver, les véhicules hybrides pourraient émettre 50 % de moins de CO2 que les moteurs thermiques.

Pourtant, les conducteurs et les gestionnaires de flottes automobiles constatent des différences majeures de consommation de carburant : des véhicules homologués à 2 litres de carburant pour 100 kilomètres rouleront en réalité à 10 l/100 km. Les raisons sont multiples : d’une part les hybrides voient leurs émissions et consommations réduites à condition d’utiliser le moteur électrique, quand dans les faits, les conducteurs oublient souvent de recharger ou circulent dans des contextes ou le mode électrique n’est pas pertinent. D’autre part, les hybrides sont majoritairement des véhicules essence, dont les moteurs consomment plus que les diesels, d’autant plus parce que la voiture est plus lourde car elle doit tracter non pas un, mais deux moteurs et une batterie.

Halte à l’idéologie

L’idée n’est pas de proscrire les hybrides ou d’opposer un type de véhicule à un autre, mais plutôt de souligner cette tendance très française, de raisonner de manière idéologique et de prendre des décisions radicales basées sur un seul schéma. Chaque technologie a réellement un intérêt pour un usage donné : l’électrique est recommandé pour de la conduite en milieu urbain très intensif, quand l’hybride conviendra mieux pour des trajets mixtes ou urbains. Enfin le diesel est adapté pour des conducteurs qui font beaucoup de kilomètres.

Cela peut paraître surprenant concernant le diesel car – autre sujet traité de manière idéologique – contrairement à ce qui est avancé, les voitures ne sont pas l’unique cause d’émissions de particules en ville. Des pics de pollution aux particules fines ont d’ailleurs été observées durant le confinement. Et, si on ne considère que les émissions de la voiture, les pneus sont responsables de 50 % des particules et les plaquettes de frein de 25 %, soit autant que la combustion du diesel. Toutes les voitures sont dotées de pneus et de plaquettes de freins, ce qui signifie que quel que soit le moteur ou le carburant, tous les véhicules émettent des particules fines !

De l’idéologie au pragmatisme

Alors, faut-il abandonner purement et simplement nos voitures? Hors de nos villes cela semble compliqué. Une des premières mesures devrait donc être de mieux expliquer les différents impacts et de former chaque conducteur à utiliser correctement son véhicule, avant de songer à leur en faire acheter d’autres.

Une autre mesure devrait être d’inciter les constructeurs à proposer les technologies adaptées aux usages de chacun. La crise que nous venons de traverser nous a permis de prendre conscience de nos impacts sur la Terre et nous a fait réfléchir à ce qui était utile ou superflu. Il est temps de mesurer les impacts avant de prendre des décisions idéologiques qui peuvent avoir l’effet inverse de celui attendu.

Du côté des flottes automobiles, les incitations de taxes sont telles que les flottes vont très certainement privilégier l’hybride, au risque d’augmenter massivement la consommation de carburant et les émissions de CO2. Est-ce vraiment ce qu’on cherchait ?

Valérie Mas et Fabien Carimalo sont tous deux co-fondateurs et dirigeant de WeNow, une PME spécialiste de la mobilité décarbonée.

Lire le document en pdf : Tribune Par Valérie Mas et Fabien Carimalo

À PROPOS DE WENOW

WeNow est une PME française innovante qui développe et commercialise une solution connectée permettant à tout conducteur de réduire ses émissions de CO2 , tout en faisant des économies. WeNow propose un système de coaching éco-conduite et qui permet, en trois étapes, de : mesurer, réduire et neutraliser les émissions de CO2 des véhicules.

La Greentech WeNow est, depuis 2016 reconnue Champion de la démarche Climat des Nations Unies pour sa démarche neutre carbone.

WeNow est d’ailleurs la seule solution française recommandée par l’ONU depuis 2018 et a breveté son protocole de neutralité carbone embarqué. La même année, WeNow a été labellisée Solar Impulse Efficient Solution par la fondation de Bertrand Piccard. Début 2020, WeNow a bouclé sa première levée de fonds en 6 ans menée par RAISE Impact avec la participation de LITA, de business angels notamment du réseau Femmes Business Angels et de Bpifrance. Engagée dans la mobilité durable, WeNow est également reconnue entreprise BCorp, le label des entreprises responsables, depuis août 2018.

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