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Le réveil écologique a-t-il sonné ?

15 octobre 2020 - par Mathilde Albert

Image décorative.

Des bancs de l’école au top management des plus grandes entreprises, les manifestes écologiques se multiplient. La prise de conscience infuse d’un bout à l’autre de la chaîne, des étudiant(e)s jusqu’aux conseils d’administration. Tour d’horizon du monde qui s’annonce.

La jeunesse monte au front 

Nous l’avons vu, les manifestations pour le climat réunissent de plus en plus de jeunes. En 2019, une enquête réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) révèle que le changement climatique est leur première inquiétude. Cette même année, la grève étudiante mondiale pour le climat. Lancée par la militante suédoise Greta Thunberg, aura déclenche une forte mobilisation internationale. Un élan qui s’est traduit en France par un score grandissant du vote écologiste chez les jeunes. Et ce, aux élections européennes comme aux municipales.

Même chez les adolescents, la question du climat entre en jeu : l’urgence écologique a été votée en 2019 par le Réseau jeune, créé par la Fédération nationale des centres sociaux. Nous n’en sommes qu’aux prémisses bien sûr. Mais ils ont donné le ton. Bien sûr, ces jeunes sont taxés d’un engagement de façade qui n’aurait pas de réelles conséquences dans leurs habitudes de consommation. C’est une manière de leur renvoyer la balle. Ils ont pris conscience, que la lutte pour le climat est autant l’affaire des pouvoirs publics et des entreprises que la leur. 

Les étudiant(e)s se rebiffent 

En 2018, les étudiant(e)s de 150 établissements universitaires signent un Manifeste pour un réveil écologique. Ils sont plus de 31 000 à rejoindre ce collectif. Celui-ci met la pression sur les entreprises à travers un guide anti green-washing (publié en 2019). Afin d’aider les étudiant(e)s à choisir leur futur employeur. Dans ce guide, ils alertent sur « les termes trompeurs comme le gaz naturel ». Ou encore « l’annonce d’une baisse des émissions de gaz à effet de serre qui serait parfois due à la conjoncture plutôt qu’à la volonté de l’employeur ». Une manière d’élargir leur engagement de la sphère privée à celle de la vie active.

Fini le temps où l’on postulait « tête baissée » dans des entreprises qui ignorent la crise écologique !

La génération qui entre sur le marché du travail a d’autres aspirations. En 2019, le collectif pour un Réveil écologique s’invite à la rencontre des entrepreneurs de France (la grand-messe du Medef). « A quoi bon aller au travail à vélo si c’est pour travailler pour une entreprise qui pollue ? » clame Théo, un des porte-paroles du Collectif à la tribune. « A l’X, l’association de développement durable a décollé il y a cinq ans et désormais ses effectifs doublent chaque année » ajoute Olivier, étudiant à Polytechnique. « Je rencontre beaucoup de nouveaux postulants chez Engie. J’ai souvent l’impression que c’est moi qui passe un entretien. Ils me questionnent tellement ! », témoigne, Isabelle Kocher, ancienne directrice générale d’Engie.

En septembre 2020, une enquête réalisée par Ausy (filiale ingénierie du groupe Randstad) révèle que « 70% des élèves ingénieurs considèrent la lutte contre le réchauffement climatique et l’innovation dans les nouvelles sources d’énergie comme l’enjeu majeur d’aujourd’hui ». Une réponse qui dépasse (et de loin) les problématiques de santé publique (47%), malgré le contexte de crise sanitaire mondiale.

Les universités s’adaptent 

La mobilisation de la jeunesse porte ses fruits. Dans le milieu universitaire, l’offre de formation s’enrichit peu à peu de cours et modules consacrés aux enjeux climatiques.

Depuis la rentrée 2020, tous les étudiant(e)s en deuxième année de licence à Paris Dauphine-PSL doivent suivre un programme obligatoire consacré au développement durable ! « L’urgence climatique soulève des questions complexes qui mobilisent de nombreuses disciplines », souligne Isabelle Catto, vice-présidente licence et affaires académiques à PSL. Futur(e)s économistes, chargé(e)s d’affaires, urbanistes, communicant(e)s, chercheur(e)s… Et cela, concerne tout le monde. Il faut dire qu’il y a un vide à combler ! En 2019, une étude du think tank Shift Project réalisée auprès de 34 établissements d’enseignement supérieur. Selon cette étude, seulement 11% des formations abordent les enjeux climatiques dans leur tronc commun. Or, « le réchauffement climatique va impacter nos futurs métiers » assène Julie, vice-présidente du Réseau français des étudiants pour le développement durable. « Il est donc essentiel que nous développions des compétences concernant ces enjeux ». 

Les entreprises se réveillent 

En 2020, plus de 150 entreprises et investisseurs mondiaux demandent à l’Union européenne une réduction d’au moins 55% des émissions de gaz à effet d’ici 2030. Une requête qui a été entendue par Bruxelles, qui en a fait son nouvel objectif. Parmi les entreprises signataires, on retrouve Microsoft, Ikea, Deutsche Bank, Unilever, H & M, Google, EDF ou encore Apple. Reste maintenant à ce que les paroles soient suivies d’actes : car dans ces entreprises qui mettent la pression sur les États de l’Union européenne, on retrouve par exemple Total, 17e entreprise sur les 20 qui émettent à elles seuls un tiers des émissions de CO2 mondiales (selon un classement du Climate Accountability Institute).

Les étudiants comme les entreprises ont lancé la dynamique. « Le temps des discussions est révolu » déclare Jesper Brodin, PDG du Groupe Ingka / Ikea Retail. « Ikea s’engage à devenir positif en carbone d’ici 2030 et nous demandons aux gouvernements de faire de même ».