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Hydrogène vert : le carburant du futur ?

23 octobre 2020 - par Valérie Mas

Image décorative.

Le Plan de relance 2021/2022 prévoit une enveloppe de 7 milliards d’euros pour le développement de la filière hydrogène (contre 100 millions d’euros il y a 2 ans). Pourquoi ce coup d’accélérateur ? Quels sont les atouts réels de l’hydrogène ? On vous dit tout ici.

Qu’est-ce que l’hydrogène ?

Gaz ultra léger entrant dans la composition de l’eau, l’hydrogène peut faire avancer voitures, trains et bateaux sans émettre le moindre gaz à effet de serre. Son utilisation ne génère aucune émission de CO2, oxyde de soufre ou particules fines, mais uniquement … de la vapeur d’eau.

Dans le cadre de la transition énergétique, il a de quoi séduire : ressource potentiellement inépuisable, il peut être stocké et distribué à la demande. Facile à transporter, il ne nécessite pas de modifications majeures des infrastructures de recharge.

C’est aussi un carburant puissant : un kilogramme d’hydrogène libère environ trois fois plus d’énergie qu’un kilogramme d’essence ! Alors qu’un bus électrique met 4 heures à se recharger, le bus à hydrogène fait le plein en 20 minutes, affichant même une autonomie supérieure à l’électrique (jusqu’à 700 kilomètres !). Bref, il a tout pour plaire.

Oui, mais…

S’il n’émet ni gaz à effet de serre ni particules fines au point d’utilisation, l’hydrogène n’est pas encore tout à fait vert. N’existant pas à l’état pur, il faut le produire puis le stocker pour pouvoir l’utiliser.

Or, sa production actuelle est réalisée en majorité à partir… d’énergies fossiles. C’est ce qu’on appelle l’hydrogène gris. Bien connu dans le milieu industriel français, il est déjà utilisé dans près de 94 % des cas comme matière première dans un certain nombre de procédés chimiques émetteurs de CO2 : production d’ammoniac pour les engrais, chimie du pétrole…  En Allemagne, il est produit par électrolyse d’une électricité générée majoritairement par du charbon.

Bonne nouvelle cependant : il est en voie de verdissement !

Comment ? Lorsqu’il est produit à partir d’énergies renouvelables. C’est tout l’enjeu des expérimentations qui sont menées actuellement : faire de l’hydrogène vert une filière d’excellence française. On parle même d’hydrogène bleu, une méthode qui se développe à l’international et qui consiste à produire de l’hydrogène à partir de méthane (pyrolyse du gaz) tout en évitant d’émettre du CO2

Une nouvelle piste complémentaire qui pourrait bientôt contribuer à produire davantage d’hydrogène bas carbone…

Une filière à structurer, un hydrogène à décarboner

« L’hydrogène est une opportunité stratégique pour massifier et accélérer la décarbonation des secteurs […] les plus difficiles à décarboner, en particulier dans l’industrie et les transports » annonçait récemment Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.

Priorité donc aux véhicules utilitaires, poids-lourds, camions poubelle, trains dans un premier temps, puis aux avions à terme. L’objectif ? Éviter le rejet de « plus de 6 millions de tonnes de CO2 » d’ici à 2030. Soit l’équivalent de l’intégralité des émissions de la ville de Paris…

C’est pourquoi un Comité national de l’hydrogène, présidé par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, va être mis en place pour rassembler tous les acteurs de la filière, avec dans l’idée de créer 50 000 à 150 000 emplois directs et indirects en France d’ici 10 ans. Pour Bruno Le Maire, « l’objectif de ce plan est de sortir plus fort de la crise, avec une économie plus compétitive et plus décarbonée ».

 

Ça bouge en France et en Europe

Les sites pilotes de production d’hydrogène vert se multiplient sur le territoire français.

En Provence, le projet HyGreen assure la production à partir de panneaux solaires, avec comme objectif d’installer 1500 hectares de panneaux solaires d’ici 2030.

Le projet Lhyfe, en Vendée, mise sur l’éolien pour produire environ 110 tonnes d’hydrogène vert par an.

En Bourgogne, Dijon Métropole smart Energhy s’appuie sur la combustion de déchets pour générer chaque année 182 tonnes d’hydrogène vert.

Et nos voisins européens dans tout ça ? La France et l’Allemagne sont au coude-à-coude sur ce front. L’Allemagne a dévoilé un plan de 9 milliards d’euros pour développer sa filière hydrogène.

Mais la palme revient aux Pays-Bas, qui inaugureront en 2022 la plus grande usine de production d’hydrogène vert à partir d’éolien. 3000 tonnes de production annuelle sont prévues. La course est désormais lancée…

 

L’hydrogène sera-t-il notre « carburant idéal » ?

Attention aux idéaux, ils se heurtent souvent à la réalité. La route est encore longue pour arriver à déployer pleinement l’hydrogène vert comme carburant incontournable. D’abord, parce que sa production coûte cher. Le gouvernement prévoit d’ailleurs un soutien via des appels d’offres, car « il faut financer l’offre mais aussi la demande, la filière n’étant pas encore mature ». Ensuite parce qu’il faut pouvoir déployer des stations d’approvisionnement sur tout le territoire et adapter les canalisations existantes du réseau de transport pour la distribution. Enfin, parce que le prix des piles à combustible (qui transforment en électricité l’hydrogène contenu dans le réservoir du véhicule) demeure élevé. Chez WeNow, nous pensons que le « carburant idéal » n’existe pas.

Tout dépend des usages finaux : chaque énergie aujourd’hui a aujourd’hui des usages plus pertinents que d’autres. Il est plus que jamais important de faire des choix pragmatiques, et pas “idéologiques” pour réellement réduire les émissions de CO2.