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Réunions virtuelles : le next normal ?

3 novembre 2020 - par Mathilde Albert

Image décorative.

Plus écologiques qu’un meeting en présentiel, les réunions virtuelles se sont généralisées dans l’entreprise avec la crise sanitaire. Mais quel est leur réel bilan carbone ?

3000 fois moins émettrices de CO2

Voilà un chiffre qui donne le tournis. Une réunion virtuelle émettrait 3000 fois moins de CO2 qu’un meeting en présentiel ! C’est le résultat de l’analyse réalisée par des chercheuses et chercheurs de l’université de Leiden (Pays-Bas), qui ont comparé le bilan carbone du congrès de la Société européenne d’astronomie (EAS) en 2020, qui s’est déroulé en virtuel, à celui de 2019 qui avait réuni les participant(e)s en physique. Face à une telle différence, les équipes de recherche ont proposé que les prochains congrès de l’EAS changent de format, pour adopter un mix entre conférences en ligne et réunions régionales. Fini les longs courriers pour se déplacer en masse au même endroit ! 

Mais ce n’est pas tout : ces chercheuses et chercheurs ont aussi émis des recommandations aux participant(e)s du congrès. Comme par exemple d’envoyer leurs mails depuis un ordinateur portable, réaliser leurs simulations en utilisant du matériel basé sur des cartes graphiques ou encore ne jamais utiliser un supercalculateur au maximum de sa puissance. Car oui, le numérique est aussi émetteur de CO2. Alors, quel est son vrai coût écologique ?

L’équivalent de 100 réacteurs nucléaires

Selon l’Ademe, « l’énergie consommée par le numérique correspond à 10 à 15% de l’électricité mondiale, soit l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires ». Si Internet (au niveau mondial) était un pays, il serait, après la Chine et les États-Unis, le 3ème plus gros consommateur d’électricité au monde ! L’empreinte environnementale du numérique va croissante, à mesure que se multiplient les smartphones, lap top et autres devices à l’obsolescence programmée ainsi que la diversité des usages (réunions virtuelles, vidéos en streaming, stockage de fichiers sur le cloud…).

Une pollution moins visible qu’un pot d’échappement…

Et pourtant ! Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas la fumée s’échapper de nos outils que ceux-ci n’émettent pas de CO2. Prenons l’exemple d’un e-mail : selon l’Ademe, il émet environ 19g de CO2 sur tout son cycle de vie. C’est l’équivalent d’une ampoule qui resterait allumée pendant une heure ! Aujourd’hui dans le monde, plus de 10 milliards d’emails sont échangés chaque heure. Soit 10 milliards d’ampoules allumées…

Autre exemple frappant : plus de 140 millions de requêtes Google sont réalisées chaque heure dans le monde. Cela représente 1000 allers retours Paris / New-York en terme d’émissions carbone ! Il faut dire qu’un simple email envoyé avec un fichier PDF en pièce-jointe représente à lui seul 5 km en voiture…

Les data centers, utilisés par les entreprises pour stocker et traiter de gros volumes de données, sont aussi très énergivores. Un seul data center consomme en moyenne autant qu’une ville de 50 000 habitants. Le comble étant que près de la moitié de l’énergie qu’il utilise est destinée à … le refroidir. Damn. En Seine-Saint-Denis, la concentration d’entreprises a fait du département un eldorado pour data centers (il y en a 123 !), avec des conséquences écologiques importantes.

Vous l’aurez compris, le numérique n’est pas neutre en carbone. Il est même à l’origine de 3,7% des émissions de totales de CO2 dans le monde ! « Ce nuage existe bel et bien, il est très gros, chargé de CO2 et il est juché juste au-dessus de cet entrepôt rempli de serveurs qui stocke les emails que vous envoyez et recevez, les site web que vous consultez et les vidéos que vous regardez » explique Audric Mazzietti, enseignant-chercheur en Psychologie et Responsable Digital Learning de l’Esdes Lyon Business School. Alors, que faut-il en conclure ? 

Et si les entreprises se mettaient à l’écologie numérique ?

Souvenez-vous, dans son interview, notre nouveau directeur commercial Cédric Lebreton expliquait ses bonnes pratiques pour limiter son impact carbone. Comme par exemple « réduire l’utilisation massive de mails » ou encore « ne posséder un outil que si l’on s’en sert plusieurs fois par an ». 

Dans l’entreprise, ces réflexes peuvent être étendus à l’ensemble des salariés. « Pour limiter l’impact environnemental de la généralisation du télétravail, il est essentiel d’engager les entreprises et leurs salarié·e·s dans une démarche d’écologie numérique visant à développer une utilisation raisonnée et raisonnable des outils digitaux » explique Audric Mazzietti. Ses conseils ? « Une meilleure gestion des emails », en limitant leur nombre mais aussi « le nombre de destinataires ». Il recommande également de « vider régulièrement sa boîte de réception, supprimer ses spams et se désabonner des newsletters non consultées ». D’après l’Ademe, « un email stocké pendant un an a une empreinte carbone de 10g d’émissions de CO2 ». Ce qui équivaut en moyenne à 120kg par an, soit 1000 km en voiture.

Des astuces ?

Quant à notre fameuse visioconférence, il faut en encadrer les usages pour qu’elle reste plus écologique qu’un déplacement en physique. Par exemple, elle doit remplacer une réunion en présentiel et non s’ajouter à un planning inchangé de réunions physiques. Cela paraît logique, mais c’est toujours bon de le rappeler. Sinon, « la visioconférence ne viendrait qu’alourdir l’empreinte carbone de l’organisation » souligne Audric.

Par ailleurs, pensez à éteindre la caméra, qui multiplie par 12 la consommation énergétique et limitez le partage d’écran, qui la multiplie par deux. Le choix des applications est également important : selon Greenspector, Skype et Teams ont un impact carbone plus faible que Zoom par exemple. Veillez également à ce que vos salarié(e)s aient une connexion Internet de qualité. Car se mettre en 4G (faute de réseau suffisant) est très énergivore, la 4G consommant 23 fois plus d’énergie qu’une connexion Wifi. Enfin, petit message à l’adresse des services Achats : mieux vaut choisir du matériel robuste et éviter la multiplications des devices. A titre d’exemple, l’entreprise Fairphone propose des smartphones conçus à partir de matières recyclées (jusqu’à 40%), dont les pièces sont recyclables et surtout réparables, évitant d’avoir à racheter un téléphone à chaque panne.  A bon entendeur…